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Le jour d’après c’est maintenant ! – Chronique du jour d’après n°6

Respiration 

Depuis une semaine, nous recommençons à sortir. Nous ne vivons pas tout à fait comme avant, puisque pour un certain nombre d’entre nous, le télétravail se poursuit, mais l’activité redémarre, les magasins rouvrent, il y a plus de monde dans les rues. Notre vie reprend peu à peu son cours, nous pouvons nous déplacer un peu plus, retrouver des proches. Un sentiment de respiration ! Certes, derrière des masques, mais un vent nouveau de liberté souffle tranquillement.

Comme la Belle au bois dormant et tout son entourage, nous nous éveillons après cette phase de confinement de presque deux mois. Qu’allons-nous faire de cette expérience ?

Le temps du bilan

Qu’avons-nous appris ou découvert, sur nous, sur nos capacités, sur les autres pendant cette parenthèse ?

Sur le plan individuel, chacun tirera son propre bilan sur ses peurs, ce qu’il a pu en faire, ses apprentissages, ses prises de conscience, ses motifs de fierté, ce qu’il a pu faire dont il se croyait incapable.

Sur le plan collectif, nous n’en avons sans doute pas encore pleinement conscience, mais nous sommes en train de vivre une évolution profonde que cette période aura considérablement accélérée. Nous avons tous (plus exactement majoritairement, ce qui pose aussi la question de l’accentuation des fractures, notamment sociales) basculé dans l’ère du numérique, de la visioconférence, du télétravail, de la téléformation, …. 

De ce point de vue, il n’y a plus de différence entre le secteur public et les entreprises, les zones géographiques, les générations. Les différences se jouent désormais sur :

  • l’accès au numérique (zones connectées ou pas, avec quel débit)

  • l’accès au matériel (possède-t-on du matériel informatique fonctionnel chez soi quand tous les espaces publics de sociabilisation et de partage, dont l’école, sont fermés ?) 

  • la maîtrise de l’outil numérique 

  • la capacité à se faire aider en cas de besoin (est-on isolé ou intégré dans des réseaux sociaux réels d’entraide ?)

Un nouveau monde s’ouvre ainsi à nous

Voila un gigantesque nouveau champ des possibles qui s’ouvre grâce notamment à :

  • un gain de temps : plus de perte de temps dans les transports pour assister à une réunion

  • un gain d’espace : plus besoin de lieu physique pour se retrouver, moins d’occupation des transports 

  • une plus grande ouverture sur les autres : possibilité d’ouvrir les espaces d’échanges à de très nombreuses personnes situées dans des espaces géographiques multiples et distants les uns des autres, de participer à plus de conférences/ séminaires/ webinaires, …., d’inviter des personnes, experts ou autres, qui ne se seraient pas déplacées pour des réunions physiques avec peu de participants 

  • une accessibilité aisée en ligne, parfois gratuitement, à une masse infinie de ressources documentaires et de connaissances 

  • un bilan carbone qu’il faudra regarder entre les gains (économie de transport) et les nouveaux coûts (consommation accrue par exemple d’électricité).

Quelques limites et risques de ce nouveau monde : de la nécessité de garder un équilibre

Quand tout devient possible, il faut encore plus savoir faire des choix 

A l’entrée de la Bibliothèque Nationale de France, une phrase avertit le visiteur : « pour prendre connaissance de tout ce qui est contenu ici, prévoir 156 000 ans ». Je pense que cette durée s’est accrue avec la production de ces 2 mois de confinement.

Nos journées dureront toujours 24h. Nous restons un être unique avec nos sphères personnelle, familiale (couple et famille), professionnelle, sociale. Il nous faudra donc encore plus faire des choix dans nos centres d’intérêt, nos activités, accepter de prioriser, de lâcher et organiser notre temps en fonction de nos priorités, qui pourront varier au cours de nos semaines, de nos cycles de vie…

Plus nous pourrons faire à distance, plus nous devrons veiller à maintenir le lien, le contact, la proximité 

La visioconférence facilite les relations à distance, presqu’en vrai. Pour autant, nous perdons une grande partie du langage corporel, du non-verbal, la qualité des échanges en aparté, … Le télétravail permet de gagner du temps en évitant les transports, et de l’efficacité s’il s’agit par exemple de tâches nécessitant de la concentration. Mais l’humain est un animal social, il a besoin de sentir son appartenance à un groupe, une entreprise, une organisation. Par ailleurs, la créativité et l’innovation passent par l’échange avec les autres. 

Il s’agit donc encore une fois d’équilibre à créer entre des réunions en visio et des rencontres « en réel » en fonction des objectifs poursuivis, de trouver le bon rythme entre télétravail et moments collectifs pour partager, comprendre, confronter les idées, les visions, rassurer, intégrer, fédérer, imaginer ensemble dans le même objectif.

L’accroissement des fractures sociales et la remise en cause de la démocratie 

Dans tout processus d’innovation, il y a des pionniers, des personnes un peu plus prudentes mais qui embrassent relativement facilement le changement, des personnes qui ont besoin de soutien, et celles qui sont plus réfractaires. 

Faisons attention à celles et ceux qui ont simplement besoin de soutien. C’est évidemment la responsabilité de la puissance publique, mais c’est aussi la responsabilité de chacun d’entre nous de faire attention à ne pas laisser de côté des personnes qui ont juste besoin d’être un peu soutenues et qui n’oseront pas toujours demander de l’aide. Un sentiment d’exclusion entraîne le repli, voire la défiance, qui peut engendrer la violence. C’est en retissant le lien social, dans les nouvelles conditions imposées par les normes de distanciation sanitaire, que nous pourrons réinventer la démocratie de cette nouvelle ère.

Cette parenthèse du confinement étant je l’espère terminée, je vais cesser cette chronique pour vous proposer un nouveau rendez-vous, pour vous accompagner dans les défis de cette nouvelle ère.

Et vous, quel nouveau monde avez-vous envie de construire ?

De quoi avez-vous besoin pour cela ?

Au plaisir de poursuivre nos échanges, sur LinkedIn ou ailleurs.

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