S’installer dans la durée
Le 11 mai se profile à l’horizon, et nous commençons à réaliser que ce ne sera pas la grande libération. Pas le retour tout simple à la vie d’avant. Seulement le début d’une nouvelle phase, qui risque de durer, pendant laquelle le télétravail, la distanciation physique, les nouvelles pratiques de communication à distance vont perdurer. Il va donc falloir s’organiser dans le temps, pour soi et pour ses équipes.
Comment ne pas être submergé par la fatigue, l’angoisse, les problèmes, l’inconnu, ses responsabilités ? Comment faire au mieux ?
Un des risques à mon sens pour un(e) « chef », un « patron », un « leader » (élu, cadre dirigeant, chef d’entreprise, manager, …) est de se sentir responsable de tout et de tous, et d’essayer d’être parfait(e), de vouloir tout prévoir, tout anticiper, tout gérer.
Comment prendre ses responsabilités, toutes ses responsabilités, mais rien que ses responsabilités ?
Quelques principes pouvant aider dans ces circonstances.
Humilité
- Humilité vis-à-vis de soi : nos corps et nos esprits sont éprouvés par le confinement, par le manque de contacts physiques, affectifs, avec nos proches, par l’angoisse de l’avenir. Nous pouvons tenir par la volonté, par un sentiment de devoir, de nécessité (peut-être que vos parents, votre entourage vous dis(ai)ent : sois fort(e) !).
Pourtant, nous sommes des êtres humains et pas des super-héros. La fatigue engendre possiblement la mauvaise humeur, le manque de recul, le risque d’erreurs, la difficulté à décider, la crispation des relations avec les autres.
L’adage dit : « qui veut aller loin ménage sa monture ». Et si vous appreniez d’abord à prendre soin de vous ?
Faire des pauses, prendre des moments de respiration (lecture, musique, sport, yoga, méditation, …, les options sont nombreuses), veiller à la qualité de votre sommeil, notamment en coupant les écrans un certain temps avant d’aller dormir ?
Observez ce que cela change pour vous et dans vos relations avec les autres.
- Humilité vis-à-vis de ses certitudes : ce qui nous paraissait impensable est arrivé. Ce qui nous semblait insurmontable s’est réalisé, et nous avons su nous adapter.
Et si cette période était une magnifique opportunité de se réinterroger sur nos envies réelles, de revoir nos manières de fonctionner, d’apprendre à penser et à faire différemment en tirant les enseignements des évolutions des semaines passées ?
- Humilité vis-à-vis des autres : chacun de nous a sa personnalité. Ce qui est bon, facile, évident pour moi ne l’est pas forcément pour un(e) autre. Nous n’avons pas réponse à tout, nous ne pouvons pas toujours trouver des solutions à tout et pour tous. Nous sommes des êtres humains et pas des sauveurs. Acceptons d’écouter simplement (et réellement) l’autre, sans lui appliquer notre mode de raisonnement et de fonctionnement.
Et si vous acceptiez de dire simplement « je ne sais pas, nous allons réfléchir ensemble », qu’est-ce que cela changerait pour vous ? Pour les autres ?
Solidarité
L’activité économique s’est brutalement quasi-arrêtée, des personnes se trouvent isolées, en difficultés de toutes sortes, pour certaines en proie à des souffrances, physiques et/ou psychologiques, liées notamment à des décès, à des deuils que le confinement rend difficiles à effectuer. Chacun aura vécu cette période de manière différente, avec plus ou moins de difficultés.
Les initiatives de solidarité qui s’organisent progressivement dans le pays sont les plus belles illustrations possibles de la beauté de la nature humaine et des ressources, parfois insoupçonnées, dont nous disposons collectivement.
Les organisations de travail (entreprises, collectivités du secteur public, monde associatif, ..) mettent en place les dispositifs nécessaires pour reprendre l’activité en sécurité, et veiller à la qualité de vie au travail des collaborateurs.
« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Et si aller plus vite pouvait aussi signifier « aller plus vite dans le mur », plus vite vers le burn out ?
Un(e) « chef », un « patron », reste un être humain, et comme un collaborateur, un(e) « chef » peut avoir besoin d’aide, de soutien. Si vous aimez aider les autres, les autres aussi peuvent être heureux de vous aider.
Et si vous osiez dire que vous avez besoin d’aide, qu’est-ce que cela faciliterait pour vous ?
Confiance
Confiance en soi, confiance dans les autres, confiance dans la vie. Cette période nous fait découvrir nos capacités d’adaptation, notre créativité, nos ressources insoupçonnées et celles des autres.
Nous sommes confrontés à l’essentiel, la vie/ la mort. Comme le disait Albert Camus (certains ont redécouvert son livre LA PESTE ): « c’est la mort qui donne le sens à la vie« . Boris Cyrulnik nous apprend la résilience en allant rechercher les moments de douceur et de bonheur qui nous serviront d’appuis pour nous reconstruire après la souffrance.
A chacun de nous, individuellement et collectivement, de faire triompher la vie et la renaissance.
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