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5 raisons de l’agressivité croissante et 5 clés pour y faire face

Peut-être espériez-vous comme moi que les vacances de cet été permettraient de recharger les batteries de chacun(e) et de repartir à la rentrée sur un climat plus apaisé. Force est de constater que l’ambiance reste pesante. Les gens sont épuisés, les projets traînent en longueur, et on passe son temps à décaler, relancer, voire annuler. 

Beaucoup d’énergie(s) mobilisée(s) sans en voir forcément de résultat positif, encourageant. Beaucoup de personnes, de la sphère publique comme dans d’autres environnements, sont confrontées à une agressivité croissante de leurs interlocuteurs.

Comment faire face ? Malheureusement, je n’ai pas la recette miracle ! Essayons déjà de comprendre la période exceptionnelle que nous traversons, avant d’évoquer quelques solutions pratiques.

Comprendre ce que nous vivons

Les facteurs de l’agressivité sont évidemment multiples. Je mettrai plus particulièrement en exergue 5 points.

1. Nous vivons une période hyper stressante

D’après la définition de l’OMS, « un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. » 

Or nous enchaînons les crises : COVID, guerre, augmentation des prix (notamment de l’énergie), menace d’une crise économique majeure, réchauffement climatique avec son lot de catastrophes naturelles et de phénomènes migratoires en vue,…Le martelage médiatique autour de ces évènements anxiogènes  ne favorise pas la prise de distance 

Autant de facteurs de remises en cause et d’incertitudes. Nous avons de moins en moins les moyens de nous projeter dans le temps, de nous organiser de manière sûre et pérenne, routinière. La structuration de notre temps et notre rapport à l’espace sont complètement chamboulés depuis le confinement.

2. Le stress génère de l’agressivité

L’anxiété, le stress, provoquent fatigue, réduction de sa capacité de patience, agressivité, troubles psychologiques. Dans son ouvrage « L’éco-anxiété : vivre sereinement dans un monde abîmé », le Docteur Alice Desbiolles souligne entre autres les premiers effets sur la santé du réchauffement climatique. Par exemple, la mauvaise qualité de notre sommeil pendant la canicule nous empêche de récupérer, ce qui génère de la fatigue et de l’agressivité.

3. Une société dans laquelle se développe un sentiment croissant d’isolement, de solitude

Les psychiatres ont là aussi mis en exergue les effets délétères de l’isolement sur le cerveau, qui se rétrécit chez les personnes seules. L’extrême a été atteint avec les périodes de confinement que nous avons traversées. Mais il existe de plus en plus de personnes isolées. 

Les communautés inclusives, comme l’étaient il y a quelques décennies les religions, les partis politiques, les syndicats par exemple, voient leur influence se réduire au fil du temps. Le sentiment d’isolement, d’exclusion, de ne pas savoir comment faire face à ses problèmes peut là aussi pousser à l’angoisse donc à l’agressivité. A l’inverse, un des effets de la crise des gilets jaunes a été de recréer de la solidarité entre les gens qui se rencontraient sur les ronds-points, qui se rendaient compte qu’ils étaient confrontés aux mêmes problèmes et qu’ils pouvaient s’aider entre eux.

4. La déshumanisation de la société par le numérique

La digitalisation de beaucoup de démarches administratives peut faire gagner du temps. Tant qu’on maîtrise le système et qu’on a coché les bonnes cases ! Combien de personnes s’angoissent d’être seules face à un ordinateur, sans un être humain pour les aider ? On retrouve là encore l’enchaînement mécanique : angoisse => colère => agressivité. Et ce sont les personnels des services publics,  les derniers recours,! qui se retrouvent à gérer toutes ces accumulations de stress, de peurs et de désespoirs !

5. Un manque de sens, de vision partagée et une désaffection, voire une méfiance vis-à-vis du politique

Les politiques ont eux aussi sombré ces dernières décennies dans l’individualisme. Renonçant à l’ambition de proposer un projet de société fédérateur à moyen et long terme, ils se sont contentés de faire du marketing segmenté pour faire voter des catégories d’électeurs. L’impact en termes de désaffection du politique est réel. Le sentiment d’un certain nombre de personnes d’être abandonnées des politiques peut là encore pousser à l’agressivité, ressentie comme le seul moyen de se faire entendre. Dans son livre « Ouvrez les yeux », Maurice Lévy propose une analyse très éclairante de l’évolution de l’opinion de la classe moyenne française telle qu’elle a été suivie depuis 2007 par le think tank de Publicis. 

En résumé, comment sortir de ce cercle vicieux solitude -> peur -> agressivité -> affrontement ?

Comment le transformer en un cercle vertueux sérénité -> ouverture -> solidarité -> projet fédérateur ?

Quelques éclairages pour faire face à l’agressivité

1. N’attendons pas que les autres changent: commençons par nous-mêmes

Apprenons à mieux nous connaître pour comprendre nos besoins fondamentaux, identifier et anticiper nos réactions en état de stress et/ou face à de l’agressivité. L’idée n’est évidemment pas d’absorber le stress des autres. 

L’objectif est double : 

  • éviter d’en créer chez les autres par un comportement pouvant être ressenti comme une agression 
  • maîtriser ses propres réactions face à l’agressivité pour éviter d’en rajouter, et au contraire faire redescendre en tension son interlocuteur.

2. Comprendre le besoin de son interlocuteur pour trouver la bonne attitude

Cet aspect passe bien sûr par des sensibilisations/ formations à des techniques comme la Communication Non Violente et/ou la gestion de conflits, pour adopter une attitude respectueuse de soi et de l’autre. Commençons déjà par notre propre attitude et notre capacité d’acceptation de l’autre pour éviter de créer des conflits en sachant gérer les premières divergences.

3. Accorder à son interlocuteur le temps de l’acceptation

Et si le temps était un allié ? Peut-être vaut-il mieux laisser du temps au temps plutôt que de vouloir obtenir un accord/ une décision immédiate ? Peut-être qu’un peu de temps de réflexion permettra à la personne agressive de comprendre et d’accepter ? Il peut être pertinent de reparler du problème à froid avec la personne concernée, et surtout ne pas s’enfermer dans une attitude fermée, laissant le sentiment à la personne de ne pas être considérée.

4. S’appuyer sur les autres en cas de difficultés

Oser aller chercher un tiers permet de ne pas s’enfermer dans un tête-à-tête susceptible de tourner au duel. Un autre avis, une autre manière de faire, de parler, peut ouvrir une porte de sortie honorable pour tous. 

5. Récupérer et partager pour évacuer son stress : organiser les espaces de partage

Dans une société de plus en plus en tension, il est capital de verbaliser et partager ses ressentis, pour évacuer, se sentir moins seul, rire, digérer, passer à autre chose sans ressasser du négatif. Il n’y a rien de pire que de rester seul(e) avec son smartphone et les réseaux sociaux. Au lieu d’évacuer son stress, on le démultiplie en générant éventuellement une nouvelle agressivité. 

En tant que manager, il est essentiel d’organiser des espaces de partage d’expression pour que ses collaborateurs se sentent soutenus. Je le vois dans les formations que j’assure pour les élus locaux, eux aussi en première ligne face aux exigences croissantes de la population. Ce qu’ils viennent chercher en priorité, ce sont des espaces de confiance et de confidentialité pour pouvoir parler, être écoutés par des pairs et/ou des professionnels formateurs / coachs, pour prendre du recul et repartir avec des solutions pratiques et une nouvelle énergie.

Et vous, quels ressentis et/ou solutions pratiques auriez-vous envie de partager ?

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