Dans son film « Alice et le Maire », le réalisateur Nicolas Pariser se demande « Pourquoi ceux qui agissent ne pensent pas et pourquoi ceux qui pensent n’agissent pas ? ». Comment donc réconcilier nécessité de prendre du recul pour décider de manière réfléchie et agir concrètement sur le monde ?
La dictature de l’urgence
En tant qu’ancienne collaboratrice d’élus, je connais la dictature de l’urgence à laquelle les dirigeants sont de plus en plus soumis. Une urgence (réelle, supposée ou décrétée comme telle par d’autres !) qui les empêche de prendre le temps de la réflexion et de l’ouverture à de nouvelles idées ou manières de voir, de penser.
Ces urgences prennent les formes suivantes :
- des sollicitations quotidiennes des habitants/ clients qui veulent des réponses rapides à leurs soucis, 24h/24, 7 jours/7, 365 jours par an
- une variété de sujets et des enjeux à adresser de front, qui peuvent s’interpénétrer, voire comporter leurs lots d’injonctions contradictoires
- un temps médiatique qui est celui de la réaction à des événements/ prises de position souvent sortis de leur contexte mais n’est pas celui de la réflexion, ni même parfois de l’action. C’est le temps de la polémique plus que de l’échange et du dialogue constructif
- des outils numériques qui, même s’ils nous permettent d’aller de plus en plus vite, entraînent une accélération du temps. Ils offrent une caisse de résonance à la moindre opinion mais pas à la réflexion, plutôt à l’émotion- voire à la polémique (cf. les publications des réseaux sociaux et l’information en continu). Cela peut contribuer à bloquer à la fois la réflexion et l’action !
Rester Maître de son temps
Le Général de Gaulle comme François Mitterrand refusaient d’avoir le téléphone sur leur bureau pour ne pas « être sonnés » par les autres et rester maîtres de leur temps. Ils aimaient passer de longs moments à lire des livres et à contempler la nature. De nos jours, un dirigeant doit être « connecté » en permanence, joignable à tout moment, immédiatement informé de la moindre actualité et avoir un avis instantané sur tout. Autres temps, autres mœurs !
En tant que formatrice et coach, je vois ce que viennent chercher les élus, les dirigeants et leurs collaborateurs dans mes formations et accompagnements :
- des moments de partage de leurs difficultés, de leurs doutes, de leurs expériences,
- des apports méthodologiques pour réfléchir sous d’autres angles et trouver des solutions concrètes réellement applicables à leurs besoins, à leur contexte,
- des espaces de respiration, de prise de recul par rapport à leur quotidien, de remise en perspective de leurs projets pour réintégrer le temps long dans leur réflexion et leur action.
Passé-Présent-Avenir : qu’est-ce que le temps long ?
- comprendre que nous sommes tous les héritiers d’une histoire, d’une culture, d’une manière de penser, et que l’on ne change pas les mentalités par décret, qu’il faut laisser aux personnes concernées le temps de l’acceptation ;
- savoir s’adapter aux réalités des techniques, de l’économie, de la société … pour répondre aux problèmes actuels ;
- avoir la faculté d’anticiper les évolutions à venir pour prendre maintenant les décisions dont les effets se mesureront dans 5, 10, ou 30 ans.
Pour un élu ou un dirigeant d’entreprise, c’est l’exercice périlleux de répondre à la fois aux attentes actuelles de ses électeurs/ clients et de préparer un avenir pas encore palpable, mais qu’on lui reprochera dans quelques années de ne pas avoir su anticiper, même s’il s’agit parfois d’aller contre l’avis majoritaire du temps présent. Être à la fois un manager du quotidien et un visionnaire, le tout dans un monde qui évolue de plus en plus vite !
Dans le film, Alice redonne au Maire le goût de la lecture et de la réflexion.
Formation et/ou coaching, de bons moyens pour réconcilier réflexion et action ?
Et vous, qu’avez-vous envie de faire ?