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Se tourner résolument vers demain – Chronique du jour d’après n°4

Des bienfaits de la frustration

Fin de notre 5ème semaine de confinement. Nous sommes dans cet entre-deux des nouvelles habitudes qui s’installent, et de l’envie de sortir de cet enfermement avec une date en perspective (le 11 mai), tout en sachant que cette sortie sera progressive, avec des risques de rechute.

Pour ne pas vous lasser, vous qui me faites l’amitié de me lire régulièrement, j’ai décidé de passer à un rythme bimensuel. Les témoignages de celles et ceux qui me disent attendre cette chronique m’ont touchée, et je les en remercie. C’est par l’absence, le vide, le manque, que l’on prend conscience de ce que l’on apprécie : la santé, la liberté, la présence d’un être cher, un signe d’espoir, ….

Et vous, qu’est-ce qui vous aura manqué pendant cette période ? 

Qu’allez-vous faire dès que vous le pourrez ?

Se projeter vers demain

C’est dans ces situations particulières que le rapport au temps est crucial. Savoir vivre le présent avec pragmatisme, gérer les problèmes au fur et à mesure où ils se présentent, profiter des bons moments.

Puiser dans le passé, dans son vécu, dans l’histoire, des éclairages sur la situation actuelle, des clés de compréhension, des idées de solutions. Trouver en soi ses ressorts internes pour faire face.

Se projeter résolument vers l’avenir, même à un horizon relativement court, pour se fixer un cap, des objectifs, une espérance. Et comme un arbre s’appuyant sur ses racines, s’élancer vers le ciel !

Errare humanum est, perseverare diabolicum

Nous nous sommes retrouvés brutalement dans la crise, sans avoir réellement eu le temps de nous préparer. Les conséquences sont énormes, et vraisemblablement devant nous, tant en termes économiques, sociaux, psychologiques, que politiques. 

On peut toujours chercher des coupables, voire des boucs-émissaires, pour extérioriser sa colère, colère liée à nos peurs face à cet inconnu qui s’ouvre soudainement devant nous. On peut toujours dire qu’on aurait pu faire différemment. 

Pourtant, les faits sont là. Et maintenant, si nous ne voulons pas rester dans la rumination stérile, voire dangereuse, il s’agit de préparer la suite. Car cette fois, nous avons le temps d’anticiper ! Un temps qu’il s’agit de bien gérer, pour trouver l’équilibre entre deux écueils : d’une part céder à l’urgence et d’autre part se dire que nous verrons plus tard car nous avons le temps.

Céder à l’urgence 

Le risque est de vouloir rattraper le retard, notamment sous le stress du chiffre d’affaires perdu qu’il va falloir reconquérir pied à pied, la pression des habitants et/ou des élections pour le secteur public. L’enjeu est pourtant de faire la part entre vitesse et précipitation. Bien sûr il ne faudra pas perdre de temps vu l’ampleur de la tâche.

Pour autant, comme pour la plongée, il faut prévoir des sas de décompression lorsqu’on remonte, sous peine d’accidents. Vous-même, vos collaborateurs, vos collègues, vos supérieurs hiérarchiques, vos clients, vos fournisseurs, vos partenaires, …. auront vécu chacun différemment cette période particulière, avec plus ou moins d’inquiétude, de souffrance, d’épreuves. Le télétravail a ses avantages et ses inconvénients, surtout quand on y a basculé brutalement. 

La vie ne reprendra pas exactement pareil, il faudra tenir compte des évolutions psychologiques. Un sas de transition lors de la reprise sera nécessaire pour partager les vécus, les ressentis, tirer les enseignements, positifs comme les points à faire évoluer, de cette période. Un sas qu’il faudra préparer soigneusement pour éviter des maladresses et/ou des incompréhensions pénalisantes pour la suite.

Se dire que nous verrons plus tard car nous avons le temps 

Le risque est de se laisser reprendre par l’urgence, le quotidien et la force des habitudes. L’enjeu est de sacraliser du temps dans son agenda pour regarder les évolutions de son environnement, réfléchir à ses enjeux et préparer ses propres évolutions, se donner les moyens de mettre en œuvre des projets structurants.

L’occasion de créer des relations adultes-adultes ?

L’Analyse Transactionnelle nous éclaire sur les trois états du Moi dans nos relations avec les autres : Parent (normatif ou nourricier) / Adulte / Enfant (soumis, rebelle ou libre).

Notre société française, même si elle a évolué ces dernières années, tourne encore beaucoup autour de relations parent/ enfant, notamment avec une puissance publique qui croit devoir tout prévoir, tout maitriser, tout régenter par des normes, qu’il s’agit de faire respecter à coups de punition. Les règles sont évidemment importantes, car l’absence de règles laisse la place à la loi de la jungle, dont les plus faibles sont les premières victimes. Mais il existe différentes manières d’agir pour en assurer le respect. L’Allemagne fait le pari de la pédagogie et de la responsabilité collective. Nous verrons les résultats au final.

En période de mutation, selon la loi de Darwin, ceux qui survivent ne sont ni les plus forts, ni les plus intelligents, mais ceux qui savent s’adapter. Cette crise a révélé, une fois de plus, la capacité d’adaptation et d’initiative de très nombreux acteurs, pas forcément ceux qui occupent les postes les plus « élevés » ni ceux qui prennent le plus la parole dans les réunions. Ce ne sont pas forcément des « leaders », mais leur capacité créative (le côté Enfant libre de l’Analyse Transactionnelle) est extrêmement précieuse pour trouver les marges d’initiative dans le cadre des règles imparties, voire pour modifier les règles si celles-ci s’avèrent inadaptées.

Les dernières évolutions réalisées dans l’urgence modifieront notre monde de demain. Certains aspireront à de nouvelles relations au sein des entreprises. Côté sphère publique, la capacité d’initiative a de facto été libérée, et les processus de validation fortement accélérés. Il me semble difficile de revenir à des relations verticales et de contrôle. Il nous faudra construire de nouvelles règles pour nous permettre de vivre ensemble, le plus possible en harmonie les uns avec les autres, car nous sommes de toute façon interdépendants. Et l’on mesure la solidité d’une chaine à la solidité de son maillon le plus faible. Si nous ne l’avons pas encore compris, la 2ème vague du virus se chargera de nous le rappeler !

Je forme le vœu que ces nouvelles règles soient établies le plus possible dans un esprit de dialogue, de respect, de relations Adultes à Adultes. Il appartient à chacun d’entre nous, dans nos univers respectifs, d’apporter sa contribution en ce sens.

Et vous, quelle contribution souhaitez-vous apporter ? 

Au plaisir de poursuivre nos échanges, sur LinkedIn ou ailleurs.

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